Ecris libre https://ecrislibre.journalintime.com/ Je tiens ce journal pour me plaindre, pour ne rien vous mentir. Pas très vendeur, mais je préfère être franche dès le début, histoire d'éviter les excuses en carton. J'ai toujours utilisé l'écriture comme une thérapie, et je ne saurais pas dire si ça a porté un jour ses fruits. Mais dans le doute, autant essayer. J'utiliserai ce journal comme un compte-rendu de mes efforts et des progrès obtenus. Tenir un journal comme celui-là me met une pression en plus. Faillir pour soi, c'est bien trop facile, on est habitué à force. Faillir devant les autres, en revanche... C'est nettement moins enviable. fr 2023-07-26T00:45:35+02:00 https://ecrislibre.journalintime.com/Remise-en-question Remise en question Je reviens avec ce qui, pour les rares personnes qui doivent me lire, va sonner sans doute comme évidence. Je n'aurais jamais dû laisser Fred prendre autant d'importance dans ma vie. Mes émotions peuvent être légitimes parfois, et il ne faut pas que je les oublie. J'avais raison à propos de Moon quand je sentais qu'elle n'était qu'une opportuniste. Elle se pointe chez moi quand ça l'arrange et m'ignore le reste du temps quand je lui propose de sortir, ou trouve une excuse bidon, comme tous les autres. Il y a peut-être quelque chose en moi qui déplaît aux autres, mais je ne pense Je reviens avec ce qui, pour les rares personnes qui doivent me lire, va sonner sans doute comme évidence. Je n’aurais jamais dû laisser Fred prendre autant d’importance dans ma vie. Mes émotions peuvent être légitimes parfois, et il ne faut pas que je les oublie. J’avais raison à propos de Moon quand je sentais qu’elle n’était qu’une opportuniste. Elle se pointe chez moi quand ça l’arrange et m’ignore le reste du temps quand je lui propose de sortir, ou trouve une excuse bidon, comme tous les autres. Il y a peut-être quelque chose en moi qui déplaît aux autres, mais je ne pense pas que tout soit à jeter. J’avais aussi raison pour Lucie, mais je vais peut-être changer de surnom, ce prénom est bien trop jolie pour une fille comme elle. Elle m’avait tout l’air d’une fille hypocrite, une nana à problèmes, qui ne sait pas ce qu’elle veut, instable dans le mauvais sens du terme, et ça n’a pas raté. Pourtant, je devrais réagir comme un homme et laisser de côté mes pressentiments. Ou non, ce n’est pas vraiment ce que Fred m’a suggéré de faire toute à l’heure. Il devait être entouré de ses potes, c’est bien pour ça que j’ai du mal avec les mecs, leurs groupes de potes gâchent toujours tout. Il faut toujours qu’ils prouvent quelque chose à la meute, ça en devient lassant.
Fred pense que je suis douée de super pouvoirs, que je suis capable de lire dans son cerveau, il doit sans doute penser que je n’ai que ça à faire.

J’ai envie de changer de vie. Fini de traîner avec des gens que je ne sens pas pour simplement ne pas avoir l’air d’une cruche à ses yeux. Je n’ai pas de problèmes sociaux, il y a juste certains comportements que je ne peux pas blairer, ça s’appelle avoir des goûts et une personnalité. Fini de m’excuser sans arrêt et de me plier à ses avis. S’il continue de me rabaisser à nouveau, je me casse. J’ai passé trois années avec lui, il m’a appris beaucoup de choses et je pensais naïvement que notre relation était saine mais je me rends compte que le déséquilibre est toujours présent. Je doute qu’il s’en aille un jour. Il y a des choses à garder de cette relation. Je l’aimerais sans doute toujours un peu. Peut-être bien que je me fais du mouron pour rien et que nous continuerons à rester ensemble, peut-être pour la vie. Je ne veux pas le perdre, mais je ne veux pas non plus perdre ma liberté ou ce que je suis. Je ne veux pas me forcer à rester avec des personnes qui ne me correspondent pas par pure adaptation. Je ne peux pas accepter d’endurer des reproches, d’être rejetée quand je demande un peu d’affection. Il faut que j’arrête de pardonner, je me suis montrée trop soumise.

Ce que j’aimerais rappeler à la personne que je serai demain ou quand je relirai ces lignes, c’est de ne pas s’oublier, de ne pas oublier ce qu’elle mérite, ses ambitions pour un homme. Tu n’as jamais cru aux mirages de la famille traditionnelle et tu le sais. Tu es bien trop solitaire pour supporter la compagnie d’un homme à tes côtés, ses reproches permanents. Tu adopteras un chien et tu vivras dans un van, ma fille, dans un appartement en Bretagne ou une maison de pêcheur si tu en as l’occasion. Ne laisse personne te dicter la manière dont tu dois vivre ta vie, parce que tu n’en as qu’une, que les hommes t’énervent et que tu sais pertinemment que tu serais certainement mieux avec une femme. J’ai rabaissé pendant des années les autres femmes à cause de mauvaises expériences, mais j’imagine que vivre avec Chloé pourrait être particulièrement agréable. Je ne serai pas trop jugée, elle prendrait au sérieux mes envies et mes craintes et saurait m’apaiser. La vie serait parfaite, mais pour le moment, elle vit trop loin, j’aime encore mon Fred mais je sens que mes certitudes sont en train de se briser.

La vérité, c’est que beaucoup d’hommes ont du mal avec le discours féministe parce que ça ne les arrangeraient pas que nous prenions le pouvoir. Ils ont besoin d’une femme pour prouver qu’ils peuvent chasser. Ils ont besoin de gosses pour jouer les héros, ils ont besoin de manger de la viande, de regarder d’autres filles et de se comporter comme de vieux beaufs avec leurs belles voitures pour se prouver un truc. C’est le manuel de l’homme. Quand on leur dit la vérité en face, que nous ne serons jamais les parfaites petites poupées qu’ils voudraient que nous restions tout au long de notre vie, ils s’énervent les bouts de chou, ils crient aux privilèges de la femme. Oh, oui, c’est vrai, c’est injuste, on a plus de chance de matcher avec un mec sur Tinder, mais on a aussi plus de chance de se faire violer aussi :)

Il y a peut-être moins de femmes PDG parce que les hommes passent leur temps à les rabaisser. A force, on se sent illégitime, on bosse, on réfléchit au lieu d’agir et on perd toutes les bonnes occasions de prouver au monde qu’on existe, parce qu’il a fallut qu’un crétin nous dise ce qu’on avait le droit ou pas de faire, selon sa propre logique, qu’il n’appliquera même pas à lui-même parce que monsieur se permet d’être exigeant envers les autres mais jamais trop envers lui-même. Arrête de parler de ton poids et de manger de la salade, par contre ne compte pas sur moi pour ne pas aller vers d’autres filles, c’est le marché chérie. Fallait pas m’écouter, regarde, tu es soumise, c’est pas bieeeeen d’être soumise, il faut réfléchir par toi-même mais si ça ne me va pas je ferai en sorte de remporter le duel, et quand c’est toi qui gagne, je l’effacerai de ma mémoire, comme à chaque fois que tu as raison.

Je suis épuisée mais je me sens plus forte. C’est peut-être un mirage, mais je m’en tape.

]]>
2023-07-26T00:45:35+02:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Note-a-moi-meme-reviens-ici-quand-tu-penses-que-tu-es-parfaite-c Note à moi-même : reviens ici quand tu penses que tu es parfaite (ce n'est pas vrai) Je n'ai pas vraiment eu le temps d'écrire ici depuis la dernière fois. Mon état mental semble s'être un peu amélioré. Au fond, je sais que malgré mes angoisses vis à vis de mon avenir, j'ai envie de continuer là-dedans. Le tout, c'est de développer des compétences humaines à côté. Le genre de réflexes qui pourraient me sauver la vie en cas de fin du monde (cas extrême, je le reconnais). Fred teste ces compétences à travers les jeux vidéos. Bon, il s'avère que je ne suis pas la plus douée là-dedans. Ni même dans les relations humaines j'ai l'impression. Je ne génère Je n’ai pas vraiment eu le temps d’écrire ici depuis la dernière fois. Mon état mental semble s’être un peu amélioré. Au fond, je sais que malgré mes angoisses vis à vis de mon avenir, j’ai envie de continuer là-dedans. Le tout, c’est de développer des compétences humaines à côté. Le genre de réflexes qui pourraient me sauver la vie en cas de fin du monde (cas extrême, je le reconnais). Fred teste ces compétences à travers les jeux vidéos. Bon, il s’avère que je ne suis pas la plus douée là-dedans. Ni même dans les relations humaines j’ai l’impression. Je ne génère que des quiproquos.

Note importante n°1 : se focaliser davantage sur les autres

Explication : je ne prête sans doute pas assez attention à ce que disent les autres, car je suis trop focalisée sur moi et mon univers fictif.

En plus de ça, Fred m’a un peu engueulée ce matin : je devais aller nourrir le chat d’un ami mais je n’arrivais pas à ouvrir la porte. Il était en rendez-vous professionnel et comme je pensais qu’il serait pressé par la suite, j’ai préféré abandonner et l’attendre pour ouvrir la porte. En fait, je n’aurais jamais dû lui envoyer ces messages. Me débrouiller par moi-même, sans me plaindre. Je note tout de même un progrès notoire : j’ai réussi à ouvrir cette maudite porte.
Autre chose, j’ai souvent tendance à lui demander son avis avant de prendre une décision, ou à le laisser passer devant. Je déteste ce comportement passif.

Note importante n°2 : prendre plus d’initiative et arrêter de me plaindre en public

C’était tout l’intérêt de commencer un journal en ligne : pouvoir me plaindre de mon comportement auprès de potentiels lecteurs afin de redresser le niveau. A croire que je devrais revenir ici plus souvent, mais ces derniers temps je n’arrive pas vraiment à souffler. Ca va encore comparé au premier semestre, je sens que j’ai fait des progrès.

Dernière chose à retenir, en rapport direct avec le fait de se plaindre : masquer ma frustration. Je sais que ce n’est pas attirant, mais parfois je ne peux m’empêcher d’être frustrée pour tout un tas de choses.

Note importante n°3 : masquer ma frustration

Je laisse tout ça ici pour m’en rappeler.

Je dois être plus forte, je dois arrêter d’abandonner. Je dois m’accrocher à la vie comme je m’accroche à mon monde imaginaire (en fait, je devrais m’y attacher davantage).

]]>
2023-05-20T18:50:23+02:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Sur-le-fil Sur le fil Je vais faire court, car j'ai peu d'inspiration aujourd'hui. Déjà, détail notable. Normalement, j'ai toujours de l'inspiration, quelque chose à dire. Mais hier et aujourd'hui, rien, nada. J'ai l'impression que les cours me sapent mon énergie. J'ai de bonnes raisons de penser que je suis en train de sombrer. Je me raccroche parfois à certaines ambiances pour me calmer quand je pense un peu trop aux études ou à toutes ces technologies qui me font peur, mais aujourd'hui, elles n'ont pas d'effet sur moi. Je m'ennuie profondément. J'espère vivre une aventure que je sais éphémère, Je vais faire court, car j’ai peu d’inspiration aujourd’hui.

Déjà, détail notable. Normalement, j’ai toujours de l’inspiration, quelque chose à dire. Mais hier et aujourd’hui, rien, nada.
J’ai l’impression que les cours me sapent mon énergie. J’ai de bonnes raisons de penser que je suis en train de sombrer.
Je me raccroche parfois à certaines ambiances pour me calmer quand je pense un peu trop aux études ou à toutes ces technologies qui me font peur, mais aujourd’hui, elles n’ont pas d’effet sur moi. Je m’ennuie profondément. J’espère vivre une aventure que je sais éphémère, et qui sait, imaginaire. J’aimerais m’installer sur un terrain vague ou dans la forêt avec une camionnette, bosser à côté, voir du monde passer. Le monde stimule mon imagination. Je suis trop enfermée dans mon quotidien, à voir les mêmes amis, à faire les mêmes trucs en boucle. Certes, les soirées entre amis le week-end me soulagent, mais on fait toujours plus ou moins la même chose. J’ai envie d’explorations, de découvertes. Mais avec les cours, je suis bloquée. Je ne sais même pas pourquoi je continue. Enfin si, je sais pourquoi. Pour qu’on me lâche la grappe. Pour la sécurité. Qu’est-ce qu’on s’en tape. Je serai déjà contente d’avoir un smic. J’ai assez de vêtements et je sais me contenter de peu.

Je sens que je perds un peu goût à la vie, mais je n’ai pas envie de prendre des médocs. Je sais que j’ai besoin de voir quelqu’un, mais je me demande ce que ça pourrait vraiment m’apporter, à part un trou en plus dans mon porte-monnaie.
Pour autant, je n’ai pas d’envies suicidaires. Je n’ai plus ces pulsions de mort que j’avais avant. Au contraire même. J’ai envie de vivre, mais j’ai l’impression que l’on m’en m’empêche. C’est insupportable.

]]>
2023-04-16T16:24:00+02:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Nothing-Ever-Last-Forever Nothing Ever Last Forever Je ne sais pas par où commencer. Mes publications s’espacent de plus en plus, mais je recommence à avoir pas mal de travail avec les études. Sans compter que maintenant, je dois aussi gérer la maison. Mes parents sont partis, nous laissant mon frère, ses amis et moi dans une grande maison à remplir de voix, de rires, et parfois, oui, de pleurs. Hier soir a eu lieu la fameuse soirée que nous préparions depuis deux mois. Grisant de partager un secret avec mon frère, nous ne sommes pas très proches de manière générale. Evidemment, penser que je pourrais gérer seule une flopée Je ne sais pas par où commencer.
Mes publications s’espacent de plus en plus, mais je recommence à avoir pas mal de travail avec les études. Sans compter que maintenant, je dois aussi gérer la maison. Mes parents sont partis, nous laissant mon frère, ses amis et moi dans une grande maison à remplir de voix, de rires, et parfois, oui, de pleurs.

Hier soir a eu lieu la fameuse soirée que nous préparions depuis deux mois. Grisant de partager un secret avec mon frère, nous ne sommes pas très proches de manière générale.

Evidemment, penser que je pourrais gérer seule une flopée d’adolescents n’était que pure illusion. Mes amis m’ont un peu aidé, mais rapidement, la situation a dégénéré. Je devais contrôler la quantité d’alcool de chacun, mais je ne pouvais pas gérer tout le monde. Mon frère a rapidement dépassé ses limites, même s’il gérait plutôt bien jusqu’en milieu de soirée. Mes amis s’étaient un peu isolé, même si les deux groupes cohabitaient ensemble de manière assez troublante. Je connais certains amis de mon frère depuis plus de treize ans, et je n’avais jamais réalisé la vitesse à laquelle ils avaient grandi. Je me suis retrouvée au milieu de dizaines de potins. Bien évidemment, je ne veux pas m’impliquer dans les histoires de mon frère, bien que j’ai quand même prêté une oreille attentive et prodigué quelques conseils aux plus matures d’entre eux. Certains m’ont d’ailleurs aidé à gérer la soirée, ce qui n’était pas du luxe. A force de courir à droite et à gauche, je n’ai pas vraiment profité de la soirée et surtout, j’ai accumulé une certaine quantité d’alcool dans le sang. Mon tempérament responsable mélangé à l’anxiété me permettait tout de même d’avoir conscience des enjeux autour de moi, mais je n’ai pas réussi à fermer ma bouche à temps pour éviter qu’une blague complètement pourrie en sorte.

Quatre amis me secondaient : mon fidèle Walter (le garçon le plus gentil que je connaisse), Fred, San (le meilleur ami de Fred) et son ex copine Moon, également mon amie (du moins, elle l’était encore à ce moment-là).

Pour contextualiser, Moon et San formaient un couple avec qui nous sortions parfois, Fred et moi. Ils ont emménagé ensemble en début d’année scolaire malgré de gros soucis financiers, ont adopté un chaton. Bref, on aurait pu croire que tout allait continuer pour le mieux pour eux, mais pas du tout. Nous ne les voyions plus vraiment à cause de la distance entre nous et leur appartement, non loin de leur lieu d’étude. Mais je savais que leur couple battait de l’aile depuis quelques mois. Il y a environ trois jours, j’ai appris qu’ils s’étaient séparés.

Evidemment, ils étaient tous les deux dévastés. Fred se chargeait de changer les idées de San pendant que je faisais de même avec Moon. Etant donné que San n’avait plus vraiment d’endroit où dormir, je lui ai proposé de prendre la chambre d’ami. Moon habitant relativement loin, nous avons vite compris qu’elle devrait également dormir chez moi.

J’avoue avoir été stupide ces deux derniers jours, bien plus que d’habitude. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je relate tout cela ici. J’espère sincèrement que les conséquences ne seront pas aussi graves que je les imagine. Mais ma capacité à croire que je pouvais toujours gruger le monde extérieur avec des plans tirés par les cheveux a pris le dessus sur la logique.

Fred et moi avons fait en sorte que l’ancien couple ne se croise pas dans un premier temps. Avec Moon, nous nous sommes isolées dans un coin sympa à l’extérieur pour descendre une bouteille de rhum. Je n’ai pas pour habitude de boire énormément, mais le rhum a toujours été mon point faible. Je me sentais vraiment bien, nous dansions ensemble à deux, nous discutions et pour la première fois je me sentais vraiment bien avec une autre fille. A ma place. Et puis est venu le sujet de Lucie. Fred et moi avons complètement arrêté de la voir pour divers raisons et le sujet est resté posé un peu trop longtemps sur la table. Complètement torchées, nous nous sommes retrouvées à nous embrasser, Fred nous rejoignant peu après. Heureusement, nous n’étions pas en état d’aller plus loin. D’un commun accord, nous avons décidé de ne pas en souffler mot à San.

Les choses auraient pu s’arrêter là mais il en a été autrement.

En arrivant chez moi, j’avais anticipé le fait que San serait dans le salon avec les amis de mon frère, mais il fumait sur la terrasse. Subitement, le bras de Moon m’a paru lourd, et je me suis rendue compte que son corps penchait sans cesse dans la direction de San. Oh, je ne sais pas vraiment si elle a distingué quoi que ce soit dans le noir, mais elle s’est écroulée juste après avoir dépassé le siège sur lequel il se trouvait. Mon frère et ses amis nous ont aidé à la mettre dans la bonne position le temps que les pompiers arrivent. Cette idiote (je le dis sans méchanceté) avait ingéré des antidépresseurs juste avant. Dans le noir, je n’avais rien vu. Les pompiers ont réussi à la calmer et par chance, elle n’a pas fini à l’hôpital. Le reste de cette première soirée s’est bien terminé, bien que Moon aie tenu à dormir avec San cette nuit-là. Je n’étais pas vraiment d’accord, mais je n’avais pas mon mot à dire là-dessus, alors j’ai laissé faire.

Le jour d’après, Moon m’apprend qu’elle doit donner le chaton en commun avec San car personne ne peut s’en occuper. Heureusement, l’animal est pris en charge par une connaissance peu de temps après son appel. Je la convainc de revenir pour la grosse soirée, car malgré la présence de son ex, je sens que les personnes bienveillantes que j’ai eu le plaisir de rencontrer (une amie de mon frère en particulier, qui a géré l’arrivée des pompiers et l’état de Moon comme une pro) pourront l’aider à se changer les idées.

Revenons alors au début de cette publication. Nous nous étions arrêtés en milieu de soirée. Pour être franche, je commençais à tituber. L’alcool peut se montrer traître quand on bouge sans arrêt pour anticiper les dégâts d’une cigarette ou les conséquences d’un énième verre d’alcool. Pourquoi j’avais accepté de couvrir mon frère pour cette soirée ? J’y voyais un moyen de me rapprocher un peu plus de lui. Comme il le dit, il se montre souvent froid, et nous sommes très différents. Une vidéo me revient en mémoire : mon frère, ses amis, Freddie et moi en train de danser comme des sauvages sur un morceau de rap absolument iconique. J’ai adoré ce moment. J’ai adoré voir nos groupes d’amis se mélanger, se connaître, s’épauler dans certains moments difficiles. J’ai adoré connaître davantage mon frère et nous avouer mutuellement notre affection fraternelle l’un pour l’autre. Certes, nous avions bu, l’alcool déliait nos langues si souvent enfermées derrière des murs de préjugés.

Sur la terrasse, alors que Moon vient à ma rescousse pour gérer les jeunes, je sors LA blague pas drôle, celle qui a tout déclenché. Je lui dis sur le ton de l’humour que je suis tellement bourrée que je pourrais l’embrasser. Je maintiens mon avis malgré ma sobriété actuelle ; je n’avais pas envie de tenter quoi que ce soit avec elle ce soir-là. Nous avions mis les choses au clair, et bien que démarrer une relation spéciale avec elle ne m’aurait pas vraiment dérangé, j’avais compris que nous faisions fausse route. Mais je crois bien que la situation m’avait paru tellement insolite que j’étais encore un peu déboussolée. J’avais besoin de détendre l’atmosphère, et je pensais un peu stupidement qu’elle comprendrait que cette blagounette de mauvais goût n’avait que pour but d’enlever un peu de ce malaise qui m’accablait à chaque fois que je posais les yeux sur elle ou sur San.

En un rien de temps et sans savoir comment, je me suis retrouvée dans ma chambre. Fred n’y ait pas allé par quatre chemins; j’avais été trop loin. Moon prenait ma blague pour de la drague lourde. Sur le coup, je n’ai pas vraiment eu la force de répondre. J’étais sous le choc. Mon hypocrisie semblait me revenir en pleine face ; j’ai toujours hurlé contre les dragueurs de pacotille, les gars un peu lourds comme peu l’être Gé, voire les agresseurs. On m’a sensibilisé très tôt à tout cela sans que je n’ai rien demandé à personne, et j’en reste légèrement traumatisée. Cependant, mon intention n’avait rien à voir avec l’interprétation de Moon, qui s’apparentait à une agression. Fred lui-même a employé ce terme. Il a précisé que mon intention ne changeait rien à l’action. Je me sens affreusement bête, malgré le fait qu’elle m’a assuré m’avoir pardonné pendant la soirée. Je pense qu’elle voulait simplement limiter le malaise qui planait entre nous, et qui planait encore lorsque je l’ai ramenée en voiture. Je l’ai senti à son silence, sa manière de me regarder. C’est horrible de se sentir comme un prédateur quand on sait pertinemment qu’on ne voulait rien faire de ce qu’on nous reproche. Cependant, je pars du principe que son ressenti est plus important que le mien, alors je l’ai joué fine. J’ai évité de rester dans son cercle proche, j’ai simplement fait la conversation dans la voiture, sans trop forcer. Je ne me suis pas excusée de manière démonstrative, j’ai à peine effleuré le sujet en évoquant l’alcool.

Une fois mon amie (ou devrais-je plutôt dire ex-amie ?) déposée, j’ai trainé un peu, j’en ai profité pour aller voir ma grand-mère (elle habite à cinq minutes de chez Moon) et faire les courses. Le coin m’a arraché des tonnes de souvenirs et des larmes aux coins des yeux. Ce paysage, je le vois depuis toute petite. Cette campagne, elle m’a accompagné dans de nombreuses aventures, avec les enfants des voisins, mes cousins, mon ancien meilleur ami et mes amis actuels. Quand j’ai réalisé que plus rien ne serait pareil, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Au supermarché, je n’arrivais pas à me concentrer, si bien que j’ai mis un temps infini à rechercher cinq pauvres articles. Ce coin, j’ai envie d’y habiter. Plus encore que Citadelle, qui est la ville de mon adolescence, la ville où j’ai rencontré mes amis. Liminal est un regroupement de trois villes très proches, qui forment le fameux coin dont je parlais. La journée, ce ne sont que trois petits villages plutôt mornes, des petits villages de campagne. Mais les endroits sont horriblement familiers. J’ai l’impression de dérouler une frise chronologique entière de souvenirs, j’ai déjà évoqué ma faiblesse face à la nostalgie dans un précédent article.

Shadok me manque. Il était le seul de mes amis de troisième à habiter Liminal, et j’habitais encore plus loin par rapport à notre groupe d’amis. J’imagine que les nombreux allers retours de ma mère pour aller le chercher et ainsi l’intégrer aux sorties ont joué. Il faisait souvent l’effort de venir me voir en vélo, il mettait bien une heure et demi, juste pour me voir. Nous avons souvent été plus qu’ambigu, et comme avec Moon, c’est cette ambiguïté qui a tout gâché.

J’aimerais envoyer une lettre à Shadok, mais je sais que ça ne servirait pas à grand chose. Il habite à deux pas de ma faculté, mais ne propose jamais de se voir. Notre dernière rencontre remonte à octobre, novembre, et depuis, nada. Je ne sais pas si c’est lui, ou sa copine qui ne veut pas de nouvelles de moi. Sûrement un peu des deux. De mon côté, je suis claire avec mes sentiments à son égard depuis des années; je ressens une amitié aussi forte qu’un lien de sang pour Shadok, et je sais que ce sentiment ne me quittera pas de sitôt. J’ai beau me méfier de l’amitié homme-femme, je me doute qu’elle est possible lorsque les choses sont mises à plat. Il y a environ un an, il m’a avoué que notre amitié avait été la chose la plus forte qu’il avait jamais ressentie. Je ne sais pas si je dois l’interpréter comme un signe d’ambiguïté (et au fond de moi, j’espère que ce n’est pas le cas), n’empêche que cette phrase reste accrochée dans ma tête. Un stupide petit signe d’espoir. J’ai envie de revoir son sourire franc et ses manières maladroites. Comme pour mon frère, je ressens un besoin de le protéger.

Je ne veux manquer de respect à personne, aussi, je vais laisser à Moon le temps de revenir vers moi si l’envie lui prend. Pour le moment, elle a d’autres chat à fouetter que mes jérémiades. J’ai déjà évoqué le sujet Shadok avec Fred. Il ne m’a pas empêché de le voir, ni de lui parler. Par contre, il m’a plus ou moins fait réaliser que j’étais la seule à espérer retrouver une amitié aussi forte que celle qui nous unissait par le passé. J’espère qu’il se trompe.

Liminal me fait penser à la fin de toute chose. C’est beau et terrible à la fois. Les enfants des voisins, mes cousins, tous ont grandi et se sont éloignés de nous. On entend encore leur nom cités dans certaines réunions de familles, pour évoquer leurs études. Qu’est-ce que ça peut bien me faire, finalement ?
J’aimerais avoir la possibilité de recontacter toutes ces personnes sans avoir l’air d’un fantôme désespéré jaillissant du passé.

Soit. Peut-être que je ne partagerais plus jamais de table avec Moon et San. J’aimerais qu’ils règlent leurs problèmes et se remettent ensemble. Je ne devrais pas pleurer, cette rupture n’est pas la mienne. Mais je repense aux Halloween, nouvel an, nombreuses soirées où je ne me sentais pas à ma place, mais où je venais quand même. D’un seul coup, quand j’ai rencontré Walter et Claude, j’ai commencé à fréquenter un peu moins Moon, San et les potes qui les entouraient. Il faut me comprendre.
Mes deux copains habitent à côté. Avec eux, les blancs ne me mettent pas mal à l’aise. Je réalise à présent que le seul malaise avec l’autre groupe venait simplement de moi. J’ai toujours peur de ne jamais réussir à m’adapter avec des gens très différents de moi, pourtant, en deux ans, j’ai fait énormément de progrès. Alors oui, maintenant, je regrette ces soirées où nous fumions, buvions, en se racontant sans doute quelques mythos au milieu des anecdotes. Plus rien ne sera jamais pareil. Triste et beau à la fois qu’est le souvenir perdu à tout jamais et pourtant si vivant dans nos cerveaux endeuillés.

Klairosclérose.

]]>
2023-03-25T22:23:26+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Je-ne-sais-pas-quoi-faire Je ne sais pas quoi faire Ca doit bien faire deux semaines que je n'ai pas écrit ici, sinon plus. L'envie d'écrire m'a souvent traversée, mais j'ai toujours autre chose à faire. Aujourd'hui, pourtant, il me semble urgent de prendre le temps de mettre à plat les idées qui m'envahissent ces derniers temps. Je suis allée voir ma famille à l'autre bout du pays avec Fred, pendant trois jours. Pour résumer, j'ai dépensé beaucoup d'argent pour une qualité de voyage assez médiocre (c'est la dernière fois que je pars pendant les vacances scolaires), Fred a blagué avec ma famille des deux côtés (mes parents Ca doit bien faire deux semaines que je n’ai pas écrit ici, sinon plus. L’envie d’écrire m’a souvent traversée, mais j’ai toujours autre chose à faire. Aujourd’hui, pourtant, il me semble urgent de prendre le temps de mettre à plat les idées qui m’envahissent ces derniers temps.

Je suis allée voir ma famille à l’autre bout du pays avec Fred, pendant trois jours. Pour résumer, j’ai dépensé beaucoup d’argent pour une qualité de voyage assez médiocre (c’est la dernière fois que je pars pendant les vacances scolaires), Fred a blagué avec ma famille des deux côtés (mes parents n’étaient pas là) et nous avons visité la ville dans laquelle je me promenais enfant pendant la période de Noël. J’aurais bien voulu lui montrer les villages voisins mais nous sommes venus en train et vu notre âge, personne n’aurait voulu nous louer une voiture pour le séjour.

Fred a enfin sa propre voiture. Elle est vieille, mais confortable, bien plus belle que la mienne en tout cas ! Dire qu’il y a encore deux ans, je pensais qu’à vingt ans je roulerai en van Volkswagen ! C’est effrayant d’avoir autant revu mes objectifs à la baisse. D’un autre côté, je ne pouvais pas prévoir que ma conduite serait désastreuse, amplifiée par des profs d’auto-école stressants et un petit -ami parfois un peu dur quand je me trompe au volant. Je n’ai pas envie d’arrêter de conduire pour autant sous prétexte que môssieur a une nouvelle voiture. Au fond, je ne veux pas laisser tomber ce rêve. Tout comme je ne veux pas laisser de côté mon roman.

Ma plus grande erreur a été de me perdre dans l’imaginaire par pur dégoût du réel. D’un autre côté, en ce moment je dévore une utopie socialiste et j’avoue que quand je lève le nez de mon livre, le monde que j’aperçois autour de moi ne fait pas vraiment envie. Même Fred, que je considère de loin comme la personne la plus susceptible de me comprendre sur tous les points, même lui garde ce mauvais réflexe de rester pas mal de temps sur son téléphone quand nous sommes en groupe. J’avoue ne pas trop comprendre l’intérêt. Dans l’histoire que je lis, les gens ont beau avoir des portables, ils communiquent entre eux. L’appareil n’aspire pas leur volonté à se lier d’amitié, voir simplement à prêter attention à autrui. J’essaye de m’ouvrir davantage cette année, de faire des compromis avec cette part de moi qui se méfie de tout, tout le monde, tout le temps. Je veux juste vivre sans cette peur de gamine de me faire rejeter, harceler, insulter. Toutefois, ma méfiance à l’égard des gars reste intacte. Je ne ferai jamais confiance à cent pour cent à un autre homme que Fred (et mon père, cela va de soi). Mais parfois, je sens que mon entrain épuise les gens. Automatiquement, ils se tournent vers leurs machines, ils me renvoient l’illusion de me battre contre une entité bien plus forte que moi pour capter l’attention, bien plus attrayante. Ce combat m’épuise d’avance.

L’intelligence artificielle commence à me faire peur d’un point de vue professionnel. Je pensais créer mon entreprise de design ou de rédaction web, mais je ne sais pas vraiment si le tout en vaut la peine. Les seuls cours qui me sont vraiment utiles n’ont lieu que deux ou trois fois par mois et sont des cours de développement web. Même si je sais qu’il y a davantage d’opportunités là-dedans, je n’ai pas les notes requises, ni la patience pour me diriger dans cette direction (je dois choisir un parcours parmi trois l’année prochaine). Chat GPT menace également le métier d’écrivain; beaucoup d’entre eux le voient comme un outil, mais je ne suis pas dupe. Il est de l’intérêt de ses créateurs d’endormir les créateurs avec ces idées pour mieux les trahir cinq ans plus tard, avec des capacités supérieures à ce que n’importe quel être humain pourrait produire. Après tout, quand on écrit, nos émotions ne sont qu’un empilement de mots pour le lecteur. Un algorithme conçu d’une certaine façon pourrait très bien assimiler les expressions nécessaires pour fournir un roman touchant, si bien que la fameuse "authenticité" encore très en vogue dans le milieu littéraire se verra vite adoptée et vendue en milliers d’exemplaires. Et puis, que penser du futur de l’humanité d’un point de vue professionnel avec toutes ces évolutions ? D’abord les caissières, ensuite les graphistes, après les écrivains, journalistes. Les professeurs ne tarderont pas à y passer, ainsi que l’administration. Des tas de gens vont se retrouver au chômage, avec cette incertitude horrible, je suis convaincue de ne pas être la seule à la ressentir, cette incertitude de ne pas savoir dans quel secteur se lancer, par peur d’être remplacé par plus performant.

Fred me répète que si j’attend vraiment d’avoir toutes les compétences possibles dans les secteurs qui m’intéressent, je ne travaillerai jamais. J’aimerais le croire, mais je garde à l’esprit que je suis loin d’être la seule à vouloir percer dans le multimédia, que les petites entreprises ne voudront bientôt plus payer pour nos services grâce à notre ami Chat GPT. Il est hors de question que je m’en aille à Paris, je préfère encore changer totalement de secteur d’activité, repartir à zéro.

J’ai retrouvé un vieil ami du collège, nous étions les camarades d’emmerdes. Tous les deux harcelés. James a reproduit la même erreur que moi en allant en fac de langues, et maintenant, il est tout aussi paumé que je l’étais l’année dernière. Parcoursup va bientôt fermer ses inscriptions, et je me dis que je devrais peut-être songer à trouver une nouvelle formation, peut-être en génie électrique, qui sait ? Oui, mais pour faire quoi ? Au bout de combien d’années d’études ? Et surtout, est-ce que je serai prise malgré mon piètre niveau en maths (bon, pas tant que ça, j’adore les sciences, mais j’ai quand même plusieurs années de maths à rattraper) ? Une petite voix me chuchote que si j’arrête mon BUT maintenant, j’aurais encore gâché un an. Je m’engueulerai encore avec mes parents. Mais j’aurais appris quelques trucs. Je peux peut-être tenir encore un an, au moins, j’aurais déjà un DUT.

Une partie des gens que je connais sont convaincus que les diplômes valent de l’or, tandis que l’autre partie pouffe quand elle entend des "âneries pareilles". Je ne sais pas quoi penser de tout cela. Nous vivons dans une drôle d’époque. La génération de nos parents, la génération Y, semblent ne jurer que par les études, poussées sans doute par leurs propres parents, qui n’avaient pas forcément les moyens de continuer après quatorze-quinze ans. Les connaissances, je les ai sans doute déjà, et celles qui me manquent, je me sais capable de les acquérir. Ce qu’il me manque, c’est le soutien de mes parents. Je sais qu’ils partent du principe qu’avec mes capacités, ce serait du gâchis de tout arrêter maintenant.

Fred me traite d’esclave, je sais qu’il a raison. Nous nous faisons marcher dessus par les profs, nous rechignons à peine quand ces derniers se pointent en cours avec quarante minutes de retard sans s’excuser. Nous devons demander la permission pour aller aux toilettes, comme de bons toutous. Nous apprenons des leçons, non pas pour avoir des compétences, mais pour avoir de bonnes notes, dans l’espoir quasi divin de plaire à nos parents, nos entreprises, ou quiconque ayant une autorité sur nous. Je me hais, je me déteste de réagir de cette façon là. Enfant, je me figurais comme une rebelle. Je me disais qu’en cas de remise en question des puissants, je serais de celles qui agissent. Aujourd’hui, je me retrouve sur le banc facile d’accès des incapables, des soumis. J’ai peur. Et cette peur, elle me force à rester accrochée à des certitudes qu’on m’a implantée dans le crâne sans que je puisse savoir si elles sont vraies.

]]>
2023-03-07T23:08:09+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/L-allemand L'allemand. Je suis gênée. A force de faire des recherches google ciblée, je me suis retrouvée à télécharger Messenger, par curiosité. Comme une conne, j'ai cherché le nom de mon ex dans la barre de recherche d'un groupe en commun et j'ai déclenché un émoticône sans le vouloir. Certains d'entre vous pensent déjà que je le regrette, mais pas du tout. C'est quelqu'un qui m'a traumatisée. Et j'avoue, parfois, il m'arrive de regarder un peu ce qu'il devient dans l'espoir d'apercevoir un signe de son malheur. Ca va un peu mieux que ces derniers mois, où je rêvais des moments les plus Je suis gênée.
A force de faire des recherches google ciblée, je me suis retrouvée à télécharger Messenger, par curiosité. Comme une conne, j’ai cherché le nom de mon ex dans la barre de recherche d’un groupe en commun et j’ai déclenché un émoticône sans le vouloir.
Certains d’entre vous pensent déjà que je le regrette, mais pas du tout. C’est quelqu’un qui m’a traumatisée. Et j’avoue, parfois, il m’arrive de regarder un peu ce qu’il devient dans l’espoir d’apercevoir un signe de son malheur. Ca va un peu mieux que ces derniers mois, où je rêvais des moments les plus traumatisants à chaque fois que je le crois dans mon ancienne fac ou la ville où je traine. Ca va bientôt faire cinq ans qu’on m’a volé ce que j’avais de plus précieux. Mon innocence. Quand j’y repense, je me sens sale, très sale.

Bref, même si je sais que je suis passée à autre chose et que je ne fais plus ses cauchemars horribles, j’ai quand même ce mauvais réflexe qui ressurgit parfois. Je n’en parle pas à Fred même si je pense qu’il doit se douter de ça. En fait, comme j’ai conscience que c’est pathétique, je préfère taire le sujet. Comme je le fais de moins en moins et que je me suis cramée sur Messenger, je pense que je ne vais plus jamais le refaire. Au moins, ça me servira de leçons.

Hier soir, nous devions aller danser dans une grande ville avec Lucie, mais elle a annulé au dernier moment à cause d’une fièvre. Aucune idée de la véracité de son excuse. C’est ce qui m’énerve le plus dans les rapports humains; les excuses. J’ai passé la soirée avec Fred et ses potes communistes, soirée appréciable bien que compliquée sur la fin à cause d’un mal de ventre prévisible de mon côté. Mon cargo me serrait un peu trop. J’ai l’impression d’avoir pris du ventre, mais j’ai de la marge, donc ça va. Fred m’a mise en confiance malgré mon état. Il sait prendre soin de moi.

Toute à l’heure, nous nous sommes revus près de chez moi. Il était accompagnée d’une amie en commun, Rose. Nous l’avons rencontrée une nuit où le Gé avait voulu charger des anglais un peu trop irrespectueux du consentement après avoir trop bu. Le Gé pèse vraiment son poids, le spectacle était donc particulièrement digne d’intérêt. Pourtant, ce soir-là, je n’en menais pas large.
A deux doigts d’appeler les flics, par peur que ca dégénère. Bref, peu de temps après, Rose a commencé à sortir avec un ami de Fred, qu’on nommera San. San n’a jamais été très extroverti, ni très joyeux, mais c’est un garçon calme avec qui j’apprécie passer du temps. Il a de bons goûts musicaux.

Je me suis davantage rapprochée de sa copine, curieusement d’ailleurs, parce que j’ai toujours eu un peu plus de mal avec les filles. Bon, en vérité, j’adore passer du temps avec la gente féminine mais à l’époque, je me prenais vraiment trop la tête et je ruminais encore mes sombres années de collège. Pour décrire Rose : imaginez un rayon de soleil.

Elle a des problèmes dans son couple depuis qu’elle a emménagé avec San. Pour faire court, il se comporte en macho paresseux. Fred l’a rassurée, lui a parlé de Nietzsche, de l’exaltation de la vie. Plus il le répète, et plus ça s’imprime dans ma mémoire. Je ne veux plus me torturer. Fred est ma dynamite. Il a détruit les fausses certitudes et les a remplacé par des envies profondes de profiter de chaque instant, chaque plaisir.

Je lui ai demandé comment faire face au nihilisme. Il faut l’embrasser. Nager, garder la tête au-dessus de l’eau sans vouloir à tout prix trouver un radeau pour donner du sens à l’ensemble. Le sens n’est pas commun, il est seulement personnel. Lorsque j’attend des autres quelque chose, je leur plaque une idée sur la tête et leur reproche de ne pas correspondre à quelque chose dont ils n’ont pas idée, puisque tout vient de ma tête.

Rose écrit des chansons parfois. Fred m’a expliqué qu’il trouvait sa chanson écrite pour l’occasion bien trop focalisée sur la description du malheur de San. Elle se place elle-même comme la simple copine. Elle nie son existence même dans son processus d’écriture. Il faudrait que je garde ça dans un coin de ma tête pour mes romans.

Pense à la langue allemande, où les verbes ont bien plus d’importance que le reste.

]]>
2023-02-19T01:54:50+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Foutus-portables Foutus portables Je me sens de plus en plus seule à la fac. J'apprécie un peu plus les projets que l'on mène là-bas, je touche enfin du concret. Mais bon dieu, même si je n'ai plus ces envies de retourner au lycée comme l'année dernière, j'aimerais pouvoir avoir au moins une personne avec qui réellement discuter. Ma promo est divisée en trois grands groupes (pour les travaux pratiques) divisés par deux (pour les travaux dirigés). En tout, nous devons être quatre-vingt. Evidemment, les personnes que je croise le plus souvent sont dans mon groupe de TD. Je m'entends plutôt bien avec un groupe Je me sens de plus en plus seule à la fac.

J’apprécie un peu plus les projets que l’on mène là-bas, je touche enfin du concret.

Mais bon dieu, même si je n’ai plus ces envies de retourner au lycée comme l’année dernière, j’aimerais pouvoir avoir au moins une personne avec qui réellement discuter. Ma promo est divisée en trois grands groupes (pour les travaux pratiques) divisés par deux (pour les travaux dirigés). En tout, nous devons être quatre-vingt. Evidemment, les personnes que je croise le plus souvent sont dans mon groupe de TD. Je m’entends plutôt bien avec un groupe de garçons, mais ils habitent trop loin pour qu’on puisse se voir en dehors des cours, et j’ai l’impression de les fatiguer. Je pensais que les cours allaient m’abattre, mais pas du tout, au contraire même. Lorsque nous attendons les profs dans les couloirs, j’éprouve la folle envie de danser, de faire cinquante fois le tour d’un terrain de foot en courant, je ne tiens pas en place. Il y a toujours ces soirées organisées par les associations étudiantes auxquelles je pourrais me rendre, mais les groupes qui y vont sont déjà formés. De plus, elles ont toujours lieu en semaine, ce qui signifie deux choses pour moi ; ne pas pouvoir boire de la soirée pour rentrer en voiture, et potentiellement louper une partie des cours le lendemain matin. J’habite trop loin pour avoir une vie étudiante classique.

En plus, je ne peux pas vraiment y aller avec Fred ou d’autres copains. La dernière fois qu’on s’est pointés tous ensemble dans une soirée étudiante, les pavés tremblaient sous les pieds des étudiants réunis au centre d’une placette. La musique tambourinait nos oreilles, elle m’enveloppait. J’avais cette envie folle de rejoindre mes semblables, tandis que mes amis préféraient profiter de la sensation exquise du métal froid d’une chaise de terrasse sur leur peau. Finalement, Wilfried, mon pote geek, a daigné m’accompagner, mais il n’a pas tenu longtemps. J’y suis retournée toute seule, mais je ne me sentais pas vraiment bien. Tout le monde avait son groupe. J’étais la proie idéale pour tous les mecs paumés en manque de chair fraîche. Alors, j’ai rejoint ma bande sur la terrasse.

Si je demandais l’avis de quelqu’un là-dessus, on me conseillerait sans doute de rejoindre un club de danse près de chez moi.
Je termine tous les jours à 18h30, et avec les transports en commun, je suis chez moi pour l’heure de dîner. Les soirs de week-end sont importants pour moi, ils me permettent de recharger mes batteries et de voir Fred et les autres. Je pourrais toujours me renseigner pour y aller le samedi après-midi, mais je sais très bien à quoi m’attendre ; des associations de jeunes mamans (l’horreur), de mamies, ou de lycéennes en manque de reconnaissance. Je n’ai pas envie de courir dans une grande ville pour chercher un club avec ces horaires précis et des gens de mon âge, car je suis loin de tout et ça me prendrait bien trop de temps en voiture pour, j’imagine, une ou deux heures de cours.

Mais le fléau suprême, pour moi, c’est le téléphone portable. Je ne vais pas jouer à la fille différente qui ne l’utilise jamais, je reconnais son utilité, et je sais très bien que ce je vais écrire n’a rien de très original.
J’ai envie de l’interdire, que mes camarades étudiants relèvent la tête vers leurs semblables. Je ne veux plus de ces silences gênants où seuls percent les bruits des notifications, des claviers virtuels, des courtes vidéos basculées vers le haut à la va-vite, comme si rien n’avait vraiment d’importance. Je voudrais qu’il disparaisse pour de bon, parce que je me doute que les avancées technologiques produiront bien pire en terme de produits asociaux de ce genre.

Moi, l’asociale de service, j’éprouve ce besoin de rire et de vivre des moments simples avec des gens de mon âge, pendant les cours. Pour le moment, je ne fais que lire. Je parle un peu à tout le monde, mais il semblerait que je sois assez oubliable. Les gens que je trouve intéressants ne sont pas dans mon groupe, je les vois peu, et eux se voient tous les jours. Je ne peux pas changer de groupe à ce stade de l’année. On verra bien en septembre.

J’ai commencé la série The Office, version américaine. Elle se passe dans les années 2000, dans un bureau d’une filiale d’une entreprise spécialisée dans le papier. A chaque fois que je sors de cours, que j’ai du temps libre, je lis ou je regarde cette série. Parfois j’aimerais qu’il existe un type marrant dans le genre du patron Michael Scott pour venir égayer ma classe. Et surtout, j’aimerais revenir à la mode des téléphones à clapet (les vrais, pas les nouveaux Samsung qui se plient). J’aurais bien voulu naître dans les années 80 ou 90 pour pouvoir profiter de la montée d’Internet. Je n’ai que des souvenirs diffus de cette époque. J’ai connu les vieilles interfaces des sites web, d’Instagram, mais tout va trop vite. J’ai conscience que si Internet et les téléphones portables disparaissaient du jour au lendemain, la plupart de nos habitudes s’en trouveraient perturbées. Je n’aurais plus vraiment de perspectives d’avenir dans mon domaine professionnel. Peu importe au fond, parce que ça n’arrivera jamais.

Les gens de ma classe essayent Chat GPT en ce moment. Certains s’amusent à écrire des histoires. Tout cela me consterne. Pourquoi ne pas stimuler sa propre imagination ? Il me semble que cette intelligence artificielle est développée en deep learning. A savoir, pour faire court, qu’on lui donne beaucoup d’information sur un sujet, de manière à ce qu’elle reconnaisse ce sujet et qu’elle puisse le traiter. Ce n’est pas si lointain de nos propres méthodes d’apprentissages, finalement. Bien que nous soyons des êtres dotés d’un corps et de sensations. Bref, je comprends que cette intelligence artificielle soit un super outil pour apprendre de nouvelles choses, mais je n’ai aucune envie d’être remplacée. Je ne veux pas qu’on écrive mon roman à ma place, ou que les maisons d’éditions s’en servent pour définir les nouvelles règles de la littérature de maintenant, à savoir la littérature qui se vend. L’art ne devrait jamais être échangé contre de l’argent. Je n’ai pas envie de vivre de mes romans. Je les écrirai, je les publierai, peu importe comment. Je trouverai un moyen de les diffuser à travers le monde. Gratuitement.

Bref, j’essaye de ne pas donner trop d’importance à tout ça pour ne pas tomber dans un arrière-monde. Je suis censée aller à la fac pour étudier, pas pour me faire des amis. Je dois accepter le monde moderne et ses dérives. Je dois vivre dans la réalité.

]]>
2023-02-16T13:30:33+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Johnny-and-Mary-Robert-Palmer Johnny and Mary - Robert Palmer A partir de maintenant, je pense que je mettrais directement des titres de morceaux que j'aime bien, qui surgissent d'un seul coup dans ma vie, souvent à la radio, souvent sur Nostalgie. Celui-là, je l'ai attrapé en rentrant chez moi, après une journée à chercher un stage (pas payé, merci la fac), et une soirée pépouze avec le Gé. Le Gé, c'est un pote de dix ans de plus que moi. Il a vécu, bien plus que la plupart des gens que je connais. On traîne à trois avec Fred la plupart du temps. On s'est capté vers dix-huit heures pour aller se prendre des gnocchis chez le même A partir de maintenant, je pense que je mettrais directement des titres de morceaux que j’aime bien, qui surgissent d’un seul coup dans ma vie, souvent à la radio, souvent sur Nostalgie.

Celui-là, je l’ai attrapé en rentrant chez moi, après une journée à chercher un stage (pas payé, merci la fac), et une soirée pépouze avec le Gé. Le Gé, c’est un pote de dix ans de plus que moi. Il a vécu, bien plus que la plupart des gens que je connais. On traîne à trois avec Fred la plupart du temps. On s’est capté vers dix-huit heures pour aller se prendre des gnocchis chez le même traiteur que d’habitude, pour les manger dans ma voiture, sous les néons d’une enseigne de piscine.

Pendant qu’on mangeait, il a commencé à me raconter comment il avait rencontré ses potes, et les soirées qu’ils faisaient à l’époque. Ca avait l’air dingue. Au programme, alcool, danse sur les tables, pote qui se retrouve de l’autre côté de la France en 48h sans argent ni moyen de transports, et encore un peu d’alcool. A le voir maintenant, on y penserait pas. Gé est quelqu’un d’extrêmement prudent, même s’il lui arrive de prendre des risques, mais c’est toujours contrôlé.

Y a deux jours, j’ai croisé mon petit frère en voiture. On souhaite organiser une soirée chez nous sans que les parents soient au courant. Gé m’a proposé de nous aider, parce que mon frère est encore jeune et ne saura probablement pas comment gérer tous les invités. Comme je suis l’ainée j’ai quand même la responsabilité de la maison et s’il arrive quoique ce soit, je suis dans la mouise. Sans le vouloir j’ai révélé à ma mère qu’on allait peut-être organiser un truc, j’ai envie de me gifler parfois.

C’est là où je voulais en venir. Je le note ici pour me l’imprégner dans la tête et pour ne pas que je dévie de mon chemin. Je n’ai pas écrit hier, alors que j’en avais besoin, mais j’étais trop fatiguée pour le faire.

Mes parents nous ont toujours interdit pas mal de choses à mon frère et moi, si bien qu’on en a parfois abusé. De mon côté, je fais l’hypocrite, je me conduis comme la parfaite petite bourgeoise même si je me laisse de moins en moins dicter une conduite, et de l’autre, je cultive une attitude de rebelle devant mes potes, même si mes réflexions de fifille à papa me trahissent souvent. Mon frère, c’est l’inverse. Il profite à fond de tout ce que mes parents ont à offrir, mais de l’autre, il sort quand il le veut, il ne change pas son attitude même si ça stresse ma mère, il vit au jour le jour quoi, sans se poser de questions pour le lendemain.

Mais finalement, je pense qu’il y a du bon à prendre dans son comportement; il ne parle jamais de sa vie, donc ne se trahit jamais. De mon côté, j’ai toujours des remords à faire l’hypocrite. Fred a lancé que j’appliquais une morale kantienne, c’est-à-dire (je traduis pour les non adeptes de la philosophie), que je m’efforçais de toujours dire la vérité, du moins en ce qui concerne ma mère. Ce n’est pas totalement vrai. Avant, je fabulais beaucoup, mais ma mère s’en est rendue compte. Elle part du principe que je mens tout le temps. J’ai eu pas mal de remords, surtout après la prépa (pour faire court, j’ai tenu moins d’un mois, j’ai déçu ma famille mais ils ne veulent plus assumer leurs paroles passées) et je sais que depuis que j’ai quitté le lycée, son regard sur moi a changé. Elle doit me voir comme une ratée, et ça ne me gênerait pas tant que ça si ça n’impliquait pas de devoir rapidement trouver un plan pour assurer mon autonomie sur le plan financier. Ce n’est pas en vendant de stickers sur le Net que ça ira mieux, mais on peut toujours essayer histoire de se faire un peu d’argent en cas de problèmes. Bref, depuis l’année dernière, j’essaye d’être franche avec elle pour être en paix avec moi-même, mais ça m’apporte plus d’ennuis qu’autre chose. Peut-être simplement que je devrais omettre la majorité de ce que je lui dis, et simplement la prévenir quand je sors.

C’est terrible, parce que j’ai cultivé cette habitude de lui parler (de me plaindre) pendant des heures, mais il serait peut-être temps de se trouver un interlocuteur qui n’aie pas de pouvoir sur moi. C’est la solitude qui m’a rapprochée de ma mère, mais à présent, j’ai juste envie d’avoir vingt ans, des amis, et une vie hors étude. En plus, à force de lui dévoiler toutes mes pensées et mes rancoeurs, je lui donne des dossiers à ressortir quand on se dispute, parfois du stress, ça se retourne toujours contre moi. De son côté, mon frère joue le poker face. Avant, je le jugeais. Je me disais "Quel sans-coeur, il ne profite jamais de sa famille, toujours sur son téléphone". Ca, c’était avant de me rendre compte qu’on ne m’écoutait jamais vraiment. Les adultes de ma famille pensent tout savoir sur la vie. Pendant les repas de famille, on me coupe toujours la parole. On s’intéresse uniquement à mon cas pour sortir des phrases toutes faites, des banalités. Histoire de parler quoi. De "gagner le débat". Alors, autant tout garder pour soi et vivre sa propre vie, suivre son propre chemin en attendant d’avoir assez d’argent pour quitter le nid. Ca m’attriste beaucoup, mais c’est comme ça.

Je ne sais pas si Frérot en a déduit les mêmes choses que moi et s’il cultive cette attitude pour ces raisons, mais si c’est le cas, alors ça veut dire que je l’ai grandement sous-estimé.

Hier, j’ai séché les cours. Avant de juger ma conduite, il faut garder en tête que :

-Mes profs devraient avoir la palme d’or des profs les moins organisés. Retards de quarante-cinq minutes, cours de dix minutes pour nous lâcher parce que "à partir de maintenant c’est grève", changements d’intitulés de devoirs à la dernière minute, gros devoirs à rendre PENDANT les vacances de Noël, des heures de trous entre deux cours pour finalement du travail d’autonomie (donc, on aurait pu le faire chez nous, et mieux installés en plus ?) et pour couronner le tout, un esprit d’entreprise avec ces mots anglais qui me sortent par les yeux (meetiiiing, brainstormiiing...)...Allez cerise sur le gâteau : certains profs ne parlent QUE de leur vie. Ils meublent, meublent parce qu’ils savent qu’ils n’ont rien à dire, mais leur vie leur paraît tellement plus passionnante que le cours, cours qui nous est ensuite envoyé par mail, parce qu’on n’a pas pu le voir en classe (vu que l’autre était trop occupé à nous dévoiler les moindres détails de sa vie, que nous avons tous déjà entendus par ailleurs, parce qu’il les raconte à chaque fois). Impression d’écouter un CD rayé.

-Il y avait grève, donc la veille, les trains que je pouvais prendre pour repartir chez moi étaient annulés, puis quand je me suis réveillée bien tard, bizarrement, ils pouvaient prendre des passagers. J’habite à quarante minutes de la fac sans compter les bouchons. Il y a bien des parkings souterrains, mais payer douze balles pour trois cours (bien nazes), ça me semblait pas être l’affaire du siècle. Et finalement, j’avais bien raison.

-Fred m’avait proposé une petite sortie aux oignons avec un pote dans un bunker abandonné dans les collines. Repérages pour un clip de rock dans lequel je vais jouer. Le pote est musicien, je vais pouvoir l’aider pour sa com'. Petit thé pépouzes devant le bunker, avec les rails de la voie ferrée à cinq mètres de nous. La belle vie.

J’ai fait l’erreur de dire à ma mère où j’allais. C’était carrément de la provoc, je lui ai même demandé d’expliquer son ressenti, mais j’ai compris que c’était sans espoir quand elle a sorti une réponse toute faite, à savoir "mais j’men fous des autres". Elle a l’air de penser que traîner avec mes potes fera forcément de moi une ratée. Je préfère ça à devoir supporter des pseudos génies sortis d’HEC. Berk.

Puis même, j’ai toujours été parfaite, mais visiblement, j’aurais pas dû. Elle a l’air de penser que je n’ai jamais travaillé, que mes facilités d’apprentissage sont un moyen de me faire culpabiliser parce que je ne travaillais pas aussi dur qu’elle à mon âge, peut-être. J’en sais rien et ça me soûle de devoir embarquer la psychologie de comptoir là-dedans. Nos parents devraient régler leur problèmes avec eux-mêmes avant de faire des enfants. Parfois j’ai envie de descendre dans le salon pour qu’elle constate que je travaille. Mais maintenant, fini. J’encaisserai les remarques, et puis basta.

Travailler comme une forcené ne m’a jamais réussi. A la fin du premier semestre, je devais rendre un site web, j’y ai passé nuit et jour, pour me taper la même note que si je n’avais pas travaillé. Nos profs ont appelé aux tableaux les dix meilleurs de la promo. Tant mieux pour eux hein. Faudra les prévenir qu’il n’y a plus de mentions sur les diplômes. Donc, ouais, je ne serais jamais la meilleure. Et tant mieux, parce que je n’ai rien à me prouver.

Toute à l’heure, elle a sorti un truc, comme quoi faire seulement un CAP, pour mon frère c’était pas rien non plus, que ça valait quelque chose sur le marché du travail quand même, que les gens qui pensaient qu’avec un bac +5 on pouvait tout faire ne vivent pas dans la réalité. J’avais envie de lui rire au nez, de rire et de pleurer en même temps. Je n’aurais jamais dû jouer à l’enfant modèle avec eux. Avec mon frère, ils revoient leurs exigences à la baisse, et pourtant, il a plus de droits que moi à son âge.

Bref, inutile d’employer le conditionnel. Je ne trouve pas toujours de bonnes répliques à garder dans mes romans, mais celle-là a raisonné en moi. Elle vient de Rive Droite, de Pierre Bordage.
"On ne construit pas un monde avec des regrets, ni avec des souvenirs, mais avec la réalité. Ce que nous ne pouvons pas changer, nous n’avons d’autre choix que de l’accepter."

Un peu cliché, je vous l’accorde, mais parfois, j’ai tendance à l’oublier. La base du stoïcisme.

]]>
2023-02-08T23:01:46+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/J-ai-du-mal-a-vivre-dans-la-realite J'ai du mal à vivre dans la réalité Il y a certains jours comme ça, où je souhaiterais que tout soit différent. J'ai plusieurs univers doudou. Mais le plus tenace reste la vie typique d'une américaine dans les années 50, ou 80. J'ai envie de vivre dans l'univers de Grease. J'imagine sortir en douce d'une chambre à l'étage d'une villa américaine, m'aider du rosier pour atteindre la voiture de Fred. Oui, je place des visages que je connais dans le décor, comme si nous étions tous des acteurs. Pour nous deux; rencontre dans un dîner, autour d'un milkshake couleur rose bonbon. Quelques journées d'écart, avant de se Il y a certains jours comme ça, où je souhaiterais que tout soit différent.

J’ai plusieurs univers doudou.

Mais le plus tenace reste la vie typique d’une américaine dans les années 50, ou 80. J’ai envie de vivre dans l’univers de Grease.
J’imagine sortir en douce d’une chambre à l’étage d’une villa américaine, m’aider du rosier pour atteindre la voiture de Fred. Oui, je place des visages que je connais dans le décor, comme si nous étions tous des acteurs. Pour nous deux; rencontre dans un dîner, autour d’un milkshake couleur rose bonbon. Quelques journées d’écart, avant de se retrouver, avec l’ensemble du lycée, devant un film dans un bon vieux drive-in. Bien sûr, il aurait une vieille voiture carrée des années 50, une américaine. Le premier baiser la même nuit, toujours dans sa voiture, en haut d’une colline. Et puis, des comédies musicales à foison, des potins, des soirées entre filles bien kitsch, et le saint Graal de toute adolescente clichée, je vous prie d’accueillir le traditionnel Bal de Promo en fin d’année !

Je me plais à imaginer les tenues, et les lieux, surtout. Les teddy pour les garçons, des jupes pour les filles, rien de très matriarcal ou féministe là-dedans. Je suis vieux jeu, je sais.

Je me suis pris plusieurs de ces rideaux à franges pailletés qu’on trouve toujours dans les bals de fin d’année, et dans certains anniversaire. C’est bête, mais depuis que je les ai installés, je me sens bien mieux dans ma chambre.

J’associe tout ça au lycée. Je le vois presque tous les jours, même si je n’y suis plus. Quand je me rends à Citadelle pour voir Fred ou les copains, ça ne manque jamais. Je suis obligée de passer devant. Le manque n’est plus le même que l’année dernière. Il faut croire que j’ai moins le temps d’y penser. Le souvenir est diffus, les moments, édulcorés. Mon vieux pote Jacques, qui a redoublé, ressent la même chose que je ressentais, un an après la dernière rentrée de lycée. Le foyer avec ses tables oranges nous manque, on fantasme sur des couloirs aux couleurs passées, on traîne dans les coins extérieurs où on allait pour manger mais plus rien n’est pareil. Ne reste qu’un peu de nostalgie mélangée à l’éternelle question du "qu’est-ce que je fous là ?". Fred aussi a ressenti ça. Je le considère comme plus légitime que nous, il a vécu plus de trucs. Lui, pour le coup, il a vraiment eu ses années lycées, avec les copains, un rôle à tenir, on savait qui il était. J’étais plus discrète. On se parlait peu, mais il me plaisait pas mal, même si je n’aurais jamais envisagé la possibilité qu’on sorte ensemble un jour. J’ai à peine connu les anciens, et j’ai toujours un train de retard. J’aurais du sauter une classe, parait que l’ambiance était terrible quand Fred est arrivé au lycée. J’éprouve une fascination toute conne pour les rumeurs de cette époque, et j’en apprends encore certaines ces temps-ci.

Bref, ça va un peu mieux de ce côté-là, même si j’avoue que ça me fait tout drôle de savoir que mon frère assiste au cours auxquels j’assistais y a à peine deux ans. J’ai de la misère à me dire qu’il va sur ses dix-sept ans… Je le revois encore à quatorze… Pire, je me revois à quatorze ans. Il y a trois ans, j’étais déjà nostalgique de ma fin de collège, même si les choses auraient pu aller mieux. Aujourd’hui j’essaye d’apprécier le moment présent mais je finis toujours par retomber un peu dans mes travers. Les souvenirs de lycée fantasmés ressemblent à s’y méprendre à un pot de chocolat caché au fond du placard. On sait qu’il est là, qu’un beau soir, on va craquer, alors on essaye de se concentrer sur son dîner, son repas, son petit-déj…

J’imagine que tout va mieux depuis que je sais que j’ai des amis et la possibilité de faire autre chose que de ressasser de vieux trucs. Après, on vient tous plus ou moins de la même ville. C’est compliqué d’éviter de se demander si on a bien ce pote en commun, il faudrait partir de la ville, brûler les lieux, et je tiens tout de même à ma mémoire. Enfin, je me demande s’il est bien raisonnable d’ajouter tout ça dans mon bouquin…

Récemment j’ai croisé mon ami Cline à la gare près de ma fac. Dans une ville plutôt éloignée de la Citadelle, donc du lycée, je précise. Le revoir m’a fait un bien fou. Je partais du principe qu’il m’avait oubliée, comme tous les autres, mais non. Je sens de son côté une envie de me revoir si forte qu’elle m’a donné le sourire aux lèvres pour le reste de la journée. Il a l’air encore plus débordé que moi, le pauvre. Il n’ose même pas envoyer de message, car il sait qu’il ne sera pas en mesure de nous voir, Freddy et moi.

A l’époque du lycée, je le trouvais vraiment beau. En fait, il me faisait penser au personnage principal de n’importe quel film américain des années 80, le beau mec aux cheveux courts, style Marty McFly. Il avait ce côté réconfortant, pas du tout intéressé sans pour autant virer de l’autre bord, qui me plaisait vachement. Familier, c’est le mot.

J’ai d’autres visages en tête quand je pense à lui, un paquet de personnes à recontacter, mais je ne pense pas qu’elles seront pour autant ravies de me revoir ou susceptibles de se déplacer jusqu’ici pour une journée.
L’université a ce pouvoir terrible de nous enlever de la tête des fous rire d’un après-midi qui sur le coup paraissait si spécial.

Je pense que le Covid a empiré un processus naturel. Il l’a saboté, avec l’aide d’Internet. J’étais déjà bien toquée, avec des tubes de l’époque de mes parents dans les oreilles chaque matin, et voilà qu’un jour, en pleine année de première, on m’annonce que les cours sont finis. Je ne peux plus sortir ailleurs que dans ma tête, alors je m’y enferme chaque matin. Je cherche en vain dans les épisodes de Riverdale qui tournent en boucle, dans mes vieux vinyles, une raison d’exister, et je finis par tout mélanger. Post confinement, on ne me donne plus beaucoup de raisons d’arrêter de rêver.

Arrivée en Terminale, je ressentais déjà un début de nostalgie, c’est comme si j’avais déjà un pied dehors. Les avantages du lycée n’existaient plus. Le foyer, barricadé. Les anciens terminales, partis Dieu sait où. Mon amour, par miracle, est resté. C’est pendant cette période confuse que notre histoire a commencé.

Je me doute que Fred connait également ce genre de difficultés, il suffit de le voir adopter divers tenues d’univers divers et variés et changer de comportement, comme s’il comportait une myriade de personnalités, à la manière d’un couteau suisse. La différence entre lui et moi, c’est que je sens qu’il a conscience de ce qu’il fait. Il ne cherche pas à revenir dans le passé, même s’il le regrette probablement davantage que moi.

Enfin, si aujourd’hui, je prends la peine d’écrire sur le sujet, c’est qu’il y a prise de conscience. Je ne me fais pas d’illusions. Le chemin vers la réalité est encore long, et pour être honnête, je ne suis pas sûre d’avoir toujours envie de le poursuivre, mais je sais aussi que m’enliser dans une version fantasmée de la réalité n’est pas bon pour moi. Il y a moins de désespoir dans ma tête que l’année dernière, et c’est déjà un progrès à signaler.

Fred m’a sorti un jour : "Je profite du présent. On est né à la bonne époque et je veux en profiter. Moins de discrimination qu’hier, et je sens que ce sera la merde demain, alors contentons-nous de profiter de notre époque."

]]>
2023-02-06T18:34:19+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/A-garder-en-tete A garder en tête Accorder le déclaratif et l'instinctif. Exemple : Un personnage effrayé qui crie qu'il n'a pas peur du serpent qui se dresse devant lui, avant de fuir lamentablement. Je vais mettre de l'ordre dans mes écrits afin d'avancer plus vite sur les premiers chapitres. Je ne sais pas encore si je garde la première personne passée pour la narration, pour le show don't tell ce n'est pas évident. Accorder le déclaratif et l’instinctif.

Exemple : Un personnage effrayé qui crie qu’il n’a pas peur du serpent qui se dresse devant lui, avant de fuir lamentablement.

Je vais mettre de l’ordre dans mes écrits afin d’avancer plus vite sur les premiers chapitres.
Je ne sais pas encore si je garde la première personne passée pour la narration, pour le show don’t tell ce n’est pas évident.

]]>
2023-02-05T13:55:00+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Bonne-jalousie Bonne jalousie Fred et moi ne sommes pas tout à fait exclusifs. Il y a cette fille, appelons-là Lucie, une amie d'un ami avec qui Fred a sympathisé. Il nous a présenté et nous avons accroché petit à petit, jusqu'à devenir des potes. Puis, un soir, nous avons fini dans le même lit, à trois. Si au début, je ressentais une certaine jalousie pour leur relation, Fred a réussi à me rassurer et j'ai développé une attirance pour Lucie. Malheureusement, avec les cours, je n'ai pas vraiment l'opportunité de la voir. Fred travaille en interim quelques fois, il habite plus près de chez elle, bien Fred et moi ne sommes pas tout à fait exclusifs. Il y a cette fille, appelons-là Lucie, une amie d’un ami avec qui Fred a sympathisé. Il nous a présenté et nous avons accroché petit à petit, jusqu’à devenir des potes. Puis, un soir, nous avons fini dans le même lit, à trois. Si au début, je ressentais une certaine jalousie pour leur relation, Fred a réussi à me rassurer et j’ai développé une attirance pour Lucie. Malheureusement, avec les cours, je n’ai pas vraiment l’opportunité de la voir. Fred travaille en interim quelques fois, il habite plus près de chez elle, bien que ce soit un peu loin pour lui aussi.

Depuis toujours, je sais que je suis attirée par les femmes au moins autant que par les hommes, sinon plus. Le problème, c’est que je n’avais jamais expérimenté de relations sexuelles et amoureuses avec une femme. Mon plus gros coup de coeur envers une femme, je l’ai ressenti à mes treize ans, pour une fille d’une autre classe. On s’était rapprochée pendant l’été, si bien qu’on passait toutes nos journées ensemble. C’est vraiment à partir de ce moment-là que je me suis rendue compte que oui, j’étais bel et bien bisexuelle. A part pour Fred, je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi douloureusement agréable pour quelqu’un. Même des années après, je ressentais toujours un semblant d’attirance pour cette fille. Elle m’avait rejetée avec la pire excuse du monde, en reniant jusqu’à ma propre attirance pour la gente féminine. Je peux comprendre qu’elle aie pu penser que je voulais avant tout être à la mode, mais non. Du fond de mes tripes, je sentais que je voulais qu’il se passe un truc entre elle et moi. J’aime à me souvenir de cette période. Il y a toujours en fond la bande sonore du jeu Life is Strange. Elle était ma Chloé, j’étais sa Max.

Je n’ai pas eu les meilleures expériences du monde avec les hommes. Mon premier copain, je préfère ne pas en parler. Le reste de mes relations n’étaient qu’un moyen d’oublier toute la peine qu’il m’avait infligée, en vain. Encore aujourd’hui, j’ai des réflexes, de mauvaises habitudes que j’ai prises lors de cette relation. Fred m’a permis d’y voir un peu plus clair et de m’affirmer, de prendre du recul par rapport à cette personne.

De cette relation subsiste une peur terrible de se faire avoir, d’être manipulée. J’ai été trompée, forcée, ridiculisée.

Au début, avec Fred, nous étions plutôt un couple traditionnel. Pas de meilleurs amis du sexe opposé pour l’un ou l’autre. Peu de contact avec la gente féminine pour Fred, idem de mon côté avec les garçons. Cela tenait principalement de ma jalousie et de son manque de confiance à mon égard. J’ai la fâcheuse manie d’adapter mon discours et de pas révéler toutes les nuances de peur de ne pas être prise au sérieux par la suite.

Deux ans sont passés et nous voilà en train d’entretenir une relation avec Lucie. Elle ne souhaite pas de trouple, bien qu’on ressente tous les trois une attirance mutuelle. C’est une fille marrante, libérée, peut-être un peu trop. J’ai l’impression qu’elle cherche en vain quelque chose. Elle a pas mal de plans culs. Récemment, elle m’a avoué qu’elle avait rencontré quelqu’un. Même si je l’adore et que j’aimerais de nouveau une nuit en sa compagnie, j’espère au fond de moi qu’elle se mettra en couple avec ce garçon. Il lui faut de la stabilité.

Par stabilité, je n’entends pas forcément une relation exclusive. A vrai dire, je ne pense pas que quiconque soit fait pour ça.
Fred et moi sommes conscients que c’est la clef pour garder du désir l’un pour l’autre sur le long terme.
Mon attirance pour les femme l’arrange bien. On se fait mutuellement plaisir, et je sais que je ne suis que plus attirante pour lui quand il me voit entreprendre des choses avec une femme. La jalousie a quelque chose d’excitant, mais nous n’en abusons pas au point de nous faire du mal. La communication avant tout. Nous avons nos propres règles, j’ai davantage de droit que lui par rapport à ce que je peux faire avec elle, parce que je suis une femme, lui un homme. Nous sommes conscients de nos différences et n’essayons pas de reproduire une pseudo égalité.

Alors, ça me va comme ça. Parfois, je ressens un peu de gêne et de jalousie, mais pas au point d’en souffrir réellement. Il m’aide à y voir clair, et je le connais suffisamment pour savoir que ce n’est pas dans son intérêt de me manipuler ou de me mentir. Et puis, c’est aussi ça, vivre. Prendre des risques. Je pourrais le perdre à tout moment, mais je lui fais confiance. Comment est-ce que je pourrais prétendre vouloir passer ma vie avec lui si je ne remets pas en jeu notre relation parfois ?

Je me rends compte que l’exclusivité pure a développé chez les femmes la mauvaise manie de se faire des films pour rien. Nous en devenons chiantes, parce que nous savons au fond de nous que l’exclusivité n’est pas naturelle. Notre homme sera attiré par d’autres femmes, c’est indéniable. J’ai cette chance de pouvoir ressentir la même excitation, et d’avoir à peu près les mêmes goûts que mon chéri. Ma relation passée m’a fait rejeter ce besoin pendant des années, parce que je n’avais pas consenti à une relation multiple, j’étais bien trop jeune. Cette relation n’a rien à voir avec celle que je cultive avec Fred et cette nana.

On verra bien où tout cela nous mènera… Je connais mes limites, Fred connait les siennes, et vice et versa.

Il me sort parfois que Lucie a rendu notre relation bien meilleure, et même si ça me gêne de l’admettre, il a raison. Je suis humaine, avec mes peurs en bandoulière. Forcément, il reste un fond de jalousie.

Je me sens entière en ce moment. Mon nouveau tatouage y est probablement pour beaucoup, ainsi que tout ce que je viens de réaliser (voir les anciens post dans ce journal).

Me sens bien.

]]>
2023-02-05T13:35:56+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/suite L'artiste, en fait, c'est Walter White. J'ai passé la journée avec Fred aujourd'hui. Je tiens à préciser que je vais retranscrire ici ses remarques. Je les oublie trop souvent, et j'ai tellement pris l'habitude de me relire que je me dis que les écrire ici pourra me servir de pense-bête. Tout est parti de la nostalgie. Il conduisait ma voiture, et nous sommes passés devant une école maternelle. J'ai lâché : "J'ai tellement envie de revenir à l'époque des petites écoles". Et je pense qu'il y a eu confusion. Effectivement, je ne suis pas quelqu'un qui s'exprime d'une manière vraiment intelligible la plupart du temps. J’ai passé la journée avec Fred aujourd’hui.

Je tiens à préciser que je vais retranscrire ici ses remarques. Je les oublie trop souvent, et j’ai tellement pris l’habitude de me relire que je me dis que les écrire ici pourra me servir de pense-bête.

Tout est parti de la nostalgie. Il conduisait ma voiture, et nous sommes passés devant une école maternelle. J’ai lâché : "J’ai tellement envie de revenir à l’époque des petites écoles". Et je pense qu’il y a eu confusion. Effectivement, je ne suis pas quelqu’un qui s’exprime d’une manière vraiment intelligible la plupart du temps. Disons que je parle pour moi, sans réfléchir au fiat qu’on pourrait mal interpréter ce que je dis… Ou peut-être qu’il a vraiment raison, et que je m’adapte quand je reconnais au fond de moi-même que les gens ont raison sur mon compte, mais que la vérité est trop dure à accepter. Pour être franche, je ne sais pas vraiment.

S’il est vrai que je suis plutôt du genre à écouter des vieux sons, à préférer les vieux films, à m’imbiber de culture passée, je n’ai pas pour autant envie de revenir à mes plus jeunes années. Ce que j’aime, c’est l’esthétique des écoles, bien différente des facultés ternes et des open-space prison. D’un autre côté je ne pense pas que j’apprécierai qu’on y mette de la couleur. J’aurais l’impression qu’on se fout de moi, qu’on a simplement mis un coup de peinture histoire de dire "oui, cet endroit n’est pas complètement déprimant, regardez, on a mis un toboggan et des piscines à boules donc hop-hop-hop les esclaves, vous taffez vite et bien sans vous poser de questions". Fred m’a répondu que j’accordais trop d’importance aux lieux. Il a raison. Je ne devrais pas m’attacher à cela, mais tout de même. La fac est vide, impersonnelle. Enfin, elle est là pour répondre à une fonction, et je devrais peut-être arrêter de vouloir davantage de représentations humaines (j’entends là, artistiques) partout.

J’ai répliqué ensuite que je voulais surtout savoir comment pensaient, réagissaient les enfants, car je ne sais plus me rappeler de ce que je pensais sans le point de vue et le recul qu’implique mon âge. Là encore, selon Fred, je cherche trop loin. Il faut que j’accepte la réalité. Les êtres humains sont juste des êtres vides que le monde extérieur remplit avec des sensations, des vécus, des manières, etc… Mais il n’y a rien qui soit hors de ma portée.

Fred a continué sa lancée sur l’art, enfin ma manière de percevoir et de créer.

Selon lui, et je le rejoins là-dessus même si j’ai du mal à l’admettre, on ne peut écrire sans vitalité. Je n’ai pas assez vécu pour écrire, et ça se ressent probablement dans mes textes. Je veux m’inventer une vie, vivre par procuration par peur d’être déçue de la réalité. C’est là l’origine de ma saga, mais depuis je l’ai quand même modifiée. Pour vous donner le contexte sans trop en dévoiler, j’ai commencé à avoir cette idée quand je me faisais harceler. J’avais la haine, envie de tout détruire mais je ne pouvais rien faire d’autre qu’écrire. J’ai gardé cette frustration en moi pendant des années, mais à présent, elle n’a plus aucun sens. Par chance, j’ai quand même réussi à faire autre chose de mon idée qu’une vengeance inutile.

Selon lui, l’artiste ne crée rien, il transforme. Il se contente de mettre bout à bout des éléments universels afin d’obtenir la bonne combinaison pour créer une histoire cohérente et plaire au lecteur. Mais quand l’artiste pense réellement créer, quand il veut accéder au statut d’artiste parce qu’il ne sait rien faire d’autre, pour combler une frustration, il devient réellement égocentrique.

J’avais compris la première idée sur l’art toute seule, même si ça m’énervait de devoir l’admettre. Sans vitalité, sans vécu, je ne pourrais rien retranscrire de bon que mes biais, que les formes dans ma caverne alors que d’autres ont accès à la vraie vie, la vie brute. Il est vrai que parfois je fais tout un plat de certaines idées, car j’aimerais que la réalité soit autre que la réalité, j’en attends trop. C’est le drame de ma vie, je suis une idéaliste. La réalité me paraît fade à côté de mes rêves et de mes lubies pseudo artistiques.

Je pense que c’est important de garder ça en tête quand je me mets à écrire ou à réfléchir à mon histoire. Qu’est-ce que je souhaite raconter ? Quels sont les éléments que je veux garder ? Et surtout, vivre. Vivre sans s’arrêter sur mes pensées morbides et inutiles, elles m’empêchent d’avancer, elles créent un arrière-monde dans lequel je puise une énergie qui n’existe que dans ma tête, et qui renforce un peu plus mon nihilisme chaque jour.

Ma saga est mon bébé, mais je ne devrais sans doute pas en faire le sens de ma vie pour autant. Au fond de moi, je sais très bien que j’aurais de la peine à me séparer de ce projet, mais j’aurais encore plus de peine à le contempler, dans vingt, trente, quarante ans, pour me dire que je n’ai rien vécu pour quelques milliers de caractères sur du papier.

Et puis, je veux profiter de chaque seconde passée avec Fred. Fred, nos amis, mes parents, bref les gens que j’aime. Finalement, il n y a que ça d’important.

Mais quand même, surtout Fred. C’est tellement agréable d’être avec quelqu’un d’intelligent, qui n’hésite pas à m’enfoncer la tête dans mes défauts les plus intrinsèquement liés à ma peur de vivre pour que je m’en émancipe ! Non, je ne le mets pas sur un piédestal. Il a réellement travaillé sur lui pour être comme il est, pour ne plus tomber dans les mêmes travers que moi. Sinon, il ne pourrait juste pas me comprendre, ou alors un peu, mais pas en profondeur comme à chaque fois que l’on parle de sujets sérieux. Je reconnais sans peine ses défauts. Maintenant, c’est aussi à moi de faire des efforts. Il ne me fait pas de chantage, mais je sais que notre couple ira mieux lorsque j’aurais réglé certains problèmes avec moi-même. Ce ne sont pas des problèmes qu’il invente, mais des petites bêtes qui me gênent depuis un certain temps sans que j’arrive jamais à mettre un doigt dessus. Lui, il arrive à les choper.

Bref, je me sens vraiment bien avec lui. J’ai envie de passer ma vie à me réveiller avec comme première image sur mes rétines son visage encore endormi. Je sais que c’est réciproque, c’est aussi pour ça que je me donne cette peine et que je me mets une pression pour changer. Je sais bien que je ne pourrais pas profiter si je n’accepte pas ce que je suis et que je ne cherche pas à m’améliorer sur certains points. Je sens de son côté une volonté de me voir heureuse mais consciente de la réalité.

]]>
2023-02-02T22:43:00+01:00
https://ecrislibre.journalintime.com/Courte-mise-en-contexte Courte mise en contexte On y est. La fameuse présentation, que beaucoup esquivent pour aller au vif du sujet. Ce n'est pas mon cas. Même si je n'ai pas forcément besoin de contexte, je pense que ce sera bénéfique pour la compréhension de potentiels lecteurs. Entre nous, ça m'étonnerait qu'il y ait beaucoup, vu la description. Au cas où, je ne vous dirai pas de passer votre chemin. Simplement, je ne vous promets pas d'apporter quoi que ce soit à votre vie. Peut-être que vous perdez votre temps. C'est comme le chat de Schrödinger en fait. On ne sait pas s'il est mort ou vivant, alors il l'est en même On y est.

La fameuse présentation, que beaucoup esquivent pour aller au vif du sujet. Ce n’est pas mon cas. Même si je n’ai pas forcément besoin de contexte, je pense que ce sera bénéfique pour la compréhension de potentiels lecteurs. Entre nous, ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup, vu la description. Au cas où, je ne vous dirai pas de passer votre chemin. Simplement, je ne vous promets pas d’apporter quoi que ce soit à votre vie. Peut-être que vous perdez votre temps. C’est comme le chat de Schrödinger en fait. On ne sait pas s’il est mort ou vivant, alors il l’est en même temps. Je ne compte pas rester à l’état quantique pour ma part, mais je n’ai pas la prétention de vous livrer une existence palpitante.

Ici seront juste exposées en public mes gaffes et déboires, et peut-être une idée de comment s’améliorer. Je ne me fais pas d’illusion, je sais que je suis obligée d’agir. J’ai déjà trop parlé. Vous savez, parfois quand on parle de s’améliorer, quand on promet, notre petit cerveau doit se dire "oh, j’ai fait l’effort de montrer que j’allais changer. Donc, j’ai changé." Résultat, il ne fait plus aucun effort. Mais là, je ne vous dois rien. Vous n’êtes pas mon copain, mes parents ou des amis. Nous restons au stade d’inconnus, et ça me va très bien comme ça. Je me sers de votre présence, je n’ai pas honte de le dire.

Bref, après cette introduction chiante comme la pluie, passons au vif du sujet. Moi. Enfin, ma vie. Très résumée, parce que j’en parlerai plus en détail quand il le faudra.

Concrètement, je suis une fille de bourgeois de petite ville, il fait presque toujours beau chez moi, et j’ai 20 ans. J’entame ma première année d’études supérieures dans le secteur du multimédia après une réorientation. Je suis retardée sur le plan social, à savoir que j’ai toujours passé mon temps le nez dans un bouquin. On m’a harcelée à l’école, ouais. Quand vous êtes bon à l’école en plus, on vous considère comme au dessus de la moyenne, on vous colle une étiquette. Surdouée, différente.
Pendant un temps j’ai cru à ces conneries et les rares personnes que je côtoyais étaient aussi matrixées que moi. Puis, peu à peu, je me suis rendue compte que m’être éloignée du commun des mortels par pur snobisme avait déclenché une anxiété sociale. Enfin, je déteste ce terme mais un psychologue qualifierait probablement mon expérience de la sorte. Bref, je n’ai pas forcément de mal à aller vers les autres, mais quand on n’a rien en commun, j’ai beaucoup de mal à engager la conversation. Assez paradoxal, parce que j’adore faire la folle et me lâcher, mais j’ai des blocages. Selon mon copain, ça va un peu mieux, mais il faut que je continue à fournir des efforts, parce que concrètement, c’est la même chose qu’en cours. On m’a tellement gâtée que je n’ai pas l’habitude d’agir et de me bouger, là où certains se sont sentis couler et ont préféré nager.
J’ai quand même quelques amis, que j’ai rencontré grâce à mon copain.

Oui, j’ai un copain. Son surnom ici sera Fred. Comme dans Scooby-Doo. Il déteste ce personnage comme je le déteste d’avoir toujours raison et de me connaître mieux que moi-même. Il arrive à déterminer mes schémas de penser et comment je vais agir à l’avance. En fait, on se ressemble beaucoup selon lui, mais j’ai plutôt l’impression qu’il le pense la moitié du temps. L’autre moitié, je l’exaspère. On a faillit se quitter plusieurs fois (selon lui, il ne l’a jamais envisagé mais j’ai un gros doute). Je l’aime comme pas possible. Disons que je ne me projette pas avec quelqu’un d’autre, et j’ai l’impression qu’il est le seul à me comprendre réellement. On a des tas de points communs improbables, et même s’il me soûle, j’aime bien son côté énervant. Il veut toujours avoir raison, car il sait pertinemment que c’est le cas la plupart du temps, et aussi pour faire en sorte que les autres réfléchissent davantage avant de parler.


Flemme de structurer mon texte.
On peut me reprocher beaucoup de choses, mais de manière générale j’arrive à les mettre en forme, quand il n’y a personne en face. J’essaye d’écrire une saga de romans depuis 2012. Je suis persuadée d’avoir une idée de génie mais l’univers que je souhaite étendre est compliqué à mettre en place. Donc, je regorge d’idées, mais je reste toujours bloquée au premier chapitre. Ca me désespère. Convaincue au fond de moi que si quelqu’un pompe mon idée, je perdrais à jamais le sens de ma vie, la petite étincelle qui arrive à me faire me lever le matin. Je pourrais tout perdre, tant que ce projet m’habite, je resterai debout.

Je vis pour créer, de manière générale. Ma chambre est bordélique, j’habite toujours chez mes parents. Je sais qu’il aimeraient surtout que je fasse des études bac+5, et que je me trouve un bon job à Paris, parce que pour eux, ça coule de source qu’on est heureux avec sa carrière et son argent. Cette idée du bonheur me donne envie de pleurer, mais après tout, je suis une gosse de riches.

Il est vrai que je n’ai pas du tout le sens des réalités, mais je sais très bien que je ne pourrais jamais me satisfaire de ce genre de vie. Esprit de contradiction, bonjour. Mon truc à moi, ce serait plutôt de vivre sur mon terrain, à la campagne, ou dans une roulotte, un van, dans un squat d’artistes, avec un gros chien, un vieux canapé en cuir et du temps pour écrire et vivre, en fait. Et je ne veux pas quitter ma région. J’ai envie de rester à Citadelle (la ville de Fred, dans mon bled il ne se passe jamais rien) et d’y faire ma vie, avec Fred et les autres. Je n’ai pas envie de grandir, à part pour avoir mon indépendance, mais sans les soucis avec. Oui, on peut dire que je suis immature. Pas dépourvue d’intelligence, mais immature à bien des niveaux.

Mes parents m’influencent plus que ce que je le voudrais. Fred me le rappelle tous les jours. Par exemple, au fond de moi, j’ai souvent envie d’arrêter les études, mais j’ai peur des conséquences. Je me comporte comme une froussarde. Peur des remarques, des cris, j’évite constamment les conflits, et d’un autre côté, parfois on jurerait que je les cherche. J’aime bien créer des débats avec mes parents parce que je veux connaître leurs raisons profondes de penser comme ils le pensent, mais ils ont toujours des réponses toutes faites ou réussissent à me faire culpabiliser. Je suis moins sensible à leurs machineries qu’avant, n’empêche que je reste douillette en la matière.

Je mens beaucoup, en particulier à moi-même. J’ai peur de décevoir ou d’énerver autrui, alors je passe toujours par des chemins détournés. C’est mon côté commerçant. On m’a élevée avec cette idée qu’on pouvait tout acheter, alors j’ai du mal à m’excuser sans en faire trop et vouloir mettre de l’argent en jeu. C’est compliqué au quotidien. J’adore m’inventer des excuses. Je crois que j’ai tellement pris l’habitude d’en inventer pour les autres que mon cerveau aime bien se tromper lui-même.

Je suis toujours en retard. Je suis souvent hors sujet, ou alors je parle de sujets ésotériques que personne autour de moi ne connait. Je parle toujours trop de moi. Ce journal est aussi là pour ça. Je ne me fais pas d’illusion sur mon ego.

Le reste, on verra après.

]]>
2023-02-01T20:48:12+01:00